6. AUTONOMIE EN EAU : L'URGENCE
Dans les années 70, et suite à la parution du rapport de Denis MEADOWS (voir ses vidéos sur Youtube)?
Il aurait été souhaitable de réagir à une économie bâtie sur la croissance infinie.
Dans les années 80, il devenait indispensable (on parlait « d’over shooting » ) de trouver un nouveau système qui puisse permettre la vie sur la planète, pour tous les êtres. Les années 90 ont dévoilé que le passage au siècle suivant imposait un nouveau paradigme, le GIEC se réunissait…. Le début du 21ème siècle a vu naître les premières études sur les risques systémiques et on se souvient de l’évolution qui s’est dessinée les vingt dernières années : émergence forte de « l’écologie », crise de 2008… conscience des destructions et des pénuries futures, émergence de la « collapsologie » etc.
Bref, MEADOWS avait prévenu que chaque année qui passe sans rien faire, serait autant de temps perdu, et d’autant plus gravement que les facteurs/phénomènes péjoratifs augmentent en exponentielles.
A 80 ans, et 50 ans après la sortie de son rapport, le scientifique (un vrai) hors pair qu’est Denis MEADOWS affirme qu’il est trop tard pour instaurer un développement durable puisque nous avons anéanti une bonne partie de nos ressources et la majeure portion de notre environnement. Par contre, il est encore temps d’organiser une résilience.
Sans être catastrophiste, ni pessimiste, force est de constater que tout ce qui est visible actuellement, tout ce qui saute aux yeux lorsqu’on veut bien sortir d’un déni très majoritaire, démontre que MEADOWS a, encore, raison.
En ce qui me concerne, les évidences sont là, et si la lucidité consiste à sortir de sa zone de confort et de sa zone de croyances, alors il faut avoir le courage de se rendre aux évidences.
L’URGENCE EST IMPERIEUSE – LE SABLIER EST VIDE – L’HEURE EST A L’ACTION MAINTENANT !
La résilience est un vaste dossier en soi et chacun donnera à ce terme une forme qui lui convient. Mais si on veut être dans l’action et non dans le commentaire sans fin qui ne débouche sur aucun changement de cap, alors la résilience doit se traduire par des actions ciblées, anticipées, construites avec un plan…
Je jetterai dans le désordre des mots clefs de la résilience mais le premier qui vient en tête est « autonomie ». Cela se décline, pour moi, à tous les niveaux : autonomie personnelle (comment rester fort dans une situation difficile et ne pas être une charge pour son entourage, pour son environnement (!)…comment être pratique, logique, actif et constructif…) autonomie d’un village, d’une ville, d’un pays….(ressources, circuits courts, complémentarités, entr’aide, partage, éducation, et j’en passe…) autonomie alimentaire, en eau, en énergie, en abri, en outillage…
Et puis d’autres mots viennent à l’esprit comme : « technologies simples » (low tech) qui permettent une bonne fiabilité dans le temps, « redondance » qui permet, en doublant les systèmes d’arriver à une fiabilité et à une continuité…
Enfin, n’oublions pas les savoir-faire qui doivent couvrir tous les domaines, y compris l’organisation, la faculté à voir les effets de nos actions dans le temps (prévisions), l’analyse, l’objectivité, le courage d’admettre l’erreur…
L’URGENCE DE CHANGER DE PARADIGME EST DEJA DEPASSEE DEPUIS LONGTEMPS, ALORS OUI, JE VOIS DES URGENCES !!!!
Il faut impérativement amorcer une transition RAPIDE entre un monde basé sur une croissance infinie et un monde en décroissance sévère. Comme le dit Jean-Marc JANCOVICI, il y a deux manières de parvenir à faire cette transition :
1) On prend son courage à deux mains, on accepte la lucidité avec toutes les difficultés qu’elle apporte et on ré apprend, on agit à un niveau personnel et on décide de changer notre quotidien. Cela s’appelle « devenir sobre », c’est un acte volontaire qui s’appuie sur des convictions elles-mêmes issues de la réalité et des évidences. C’est donc un choix qui dépend de chaque individu, mais en gardant à l’esprit que « l’union fait la force »
2) On reste dans notre confort actuel et on attend qu’un acteur extérieur (le gouvernement, les institutions, la technologie, les scientifiques…) répare ce qui ne va pas…dans cette optique, nous allons heurter le mur des pénuries et des manques de ressources diverses et variées. Cela s’appelle « la pauvreté et le manque » : c’est une situation imposée par les contraintes externes et qui ne dépend pas de nous, ni de notre avis… On n’a plus qu’à subir.
A mon sens, il est bien plus transcendant de choisir l’option 1) et de tenter de rester maître de sa destinée, de rester aux commandes (aussi réduites fussent-elles !!!) et de faire renaître sa souveraineté à tous les étages. Ce chemin est difficile, il demande investissement personnel au plus haut niveau, il vous garantira fatigue et temps passé à investir toutes vos ressources (de toutes natures). Mais c’est aussi se sentir vivant, libre et acteur de sa vie : des récompenses dont beaucoup ignorent, aujourd’hui, l’existence car aux écrans plats, il manque plusieurs dimensions que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître !
Voilà un survol de ma notion d’urgence, de ce qui la rend aussi vivace, un survol des attitudes à adopter pour, non plus pour faire face à l’urgence, mais l’accompagner. Et pour accompagner l’urgence, quoi de mieux que l’action rapide !