3. PHILOSOPHIE ATTACHEE A L’AUTONOMIE EN EAU DE PLUIE


En 1969, mes parents furent les premiers à s’installer au lotissement Cornaille de Robinson. Il n’y avait ni eau, ni électricité. Nous allions chercher l’eau sur la piste cahotante de la fontaine de Plum. Je montais un peu plus haut, et nous installions un tuyau souple entre deux cailloux pour capter l’eau qui descendait dans le Renault « Super Galion » de mon père et on remplissait 4 futs de 200 litres. De retour à la maison, ma tâche consistait à utiliser une pompe « Japy » manuelle avec son levier en bois et je remontais l’eau des futs dans une cuve à eau, au sommet d’un pylone de 5m de haut…

Les 800 litres d’eau devaient durer une semaine pour une famille de 5.

Tout cela pour dire qu’à 8 ans, j’avais une idée de la valeur de l’eau, de sa préciosité, même et des gestes qui doivent accompagner toute consommation de ce liquide de vie.

Bien plus tard, j’ai vécu à Monéo où je vivais d’eau de captage et bien plus tard encore, nous avons sillonné le Pacifique sur notre bateau d’expédition et, pendant 5 ans, alors que nous étions principalement dans des zones peu ou pas habitées, nous n’avions que deux sources d’approvisionnement en eau : la pluie et notre désalinisateur.

Produire son eau de consommation, quelle que soit la méthode, c’est se transcender, s’accomplir, prendre conscience de ce qui nous entoure et nous fait vivre, c’est s’ancrer dans les valeurs authentiques, c’est retrouver ses origines et c’est aussi : ouvrir l’une des portes qui mènent à la terre.

Comprendre les cycles de l’eau, c’est renouer avec la planète, avec la notion de temps et d’espace, avec les liens qui sont le ciment de la biodiversité. L’eau touche directement au vivant, au climat, aux cycles naturels …

Être autonome en eau c’est parvenir à une étape fabuleuse qui consiste à assumer son existence au sens profond du terme. On retrouve une souveraineté.

L’autonomie en eau

amène un symbole fort de liberté, fait ressentir une sensation d’indépendance, nous apporte force, courage et harmonie. Nous sommes persuadés que d’œuvrer, ensemble, dans un groupe, pour s’approvisionner en eau, est une aide à la cohésion.

Un détail qui peut sembler insignifiant, mais qui a toute son importance : le fait d’être autonome en eau annule la petite ligne de prélèvement automatique de votre compte en banque…Ce n’est pas l « économie » qui compte ici, mais bel et bien la disparition progressive d’une servitude, la disparition d’un lien non désiré avec un système qui nous semble inadapté, d’un système avec lequel on ne se sent plus en phase. La disparition de cette petite ligne est une libération, une porte ouverte sur un autre monde, un passage vers un autre paradigme.

On réalise souvent, en rétrospective, que l’on a été esclave d’un fonctionnement qui nous a aliéné.

L’accès à une ressource gratuite et naturelle nous a été confisqué : l’eau est devenue un produit chimiquement modifié, vidé de sa substance, canalisé, compté et vendu…

Pour finir, je reviendrai sur la notion d’importance de l’autonomie en eau :

Le texte ci-avant peut démontrer l’importance absolue d’une autonomie en eau.

Je continue à attirer l’attention du lecteur sur son importance relative : en effet, on peut facilement être emporté par les mérites d’une autonomie en eau, mais il faut savoir garder un peu de recul et avoir une vision globale de TOUTES ses priorités et de tous les dossiers qui constituent la liste des « importants absolus ». L’obtention d’une autonomie en eau ne peut se faire qu’en adéquation avec d’autres priorités et non pas au détriment d’autres dossiers d’importance absolue. L’autonomie en eau, comme toutes les autres est chronophage, énergivore et coûteuse…Je vous souhaite d’atteindre de forts degrés d’autonomie dans de nombreux domaines et, parmi ceux-là, je vous souhaite de goûter aux délices d’une autonomie en eau !