7. FAISABILITE D'UNE INSTALLATION

Nous en arrivons aux aspects pratiques d’une possible installation de récupération d’eau de pluie.


La première porte concrète est celle de la faisabilité et consiste à évaluer :

1) Ses besoins « raisonnables » en eau. 

Je répète ici que je vais me focaliser sur les besoins en eau pour une consommation domestique uniquement, car pour les arrosages de jardin, les généralités ne s’appliquent pas et, de toute façon, les quantités d’eau sont phénoménalement plus importantes. Je récupère, moi-même de l’eau de pluie pour mes cultures, mais c’est un exemple parmi tant d’autres et d’une complexité rébarbative ici.

Les besoins en eau pour une maisonnée varient selon les habitudes de confort : cette notion est très subjective ! Je table sur une consommation de 50 litres par jour et par personne et cette quantité est basée sur une expérience de 10 année pour MA maisonnée. En bateau, nous avons rencontré des personnes qui vivaient bien avec 10 litres…choisissez la position de votre curseur !!!

Avec 50 litres, vous pouvez laver votre linge, faire la vaisselle, vous doucher, faire un peu de nettoyage au sceau et éponge (mop ?) et boire.

2) La pluviométrie

La surface de toit multipliée par la pluviométrie de votre lieu, vous donnera la production annuelle de votre toiture. Pour Nouméa , la pluviométrie est autour de 1300 mm par an et on aura donc 1300 litres d’eau de pluie récoltés chaque année. Vers Boulouparis, je table sur 700mm (en année « normale » !!!) et j’ai donc, en théorie, 700 litres d’eau par an et par m2…


3) La surface de toit utile pour votre consommation :

Si on prend une consommation de 50 litres par jour par personne et que l’on considère une famille de 4 personnes, il faudra 200 litres d’eau par jour. Pour une année, il faudra 200 x 365 = 73 000 litres ou 73 m3 d’eau.

Avec une pluviométrie de 1300 mm par an, il faudra 73 000/1300 = 56 m2 de toiture au minimum. Pour une pluviométrie de 700 mm par an, il faudra 73 000/700 = 104 m2 de toiture. Comptez toujours une marge de sécurité pour des gouttières qui fuient ou des lavages de toits…

4) La durée pendant laquelle vous voulez être autonome en eau sans avoir une goutte d’eau de pluie…

C’est tout simple, il suffit de multiplier votre consommation journalière par le nombre de jours sans pluie. Avec un curseur à 50 litres d’eau par personne, on a une consommation de 200 litres pour 4 personnes.

Si on veut pouvoir tenir une sècheresse de 3 mois (90 jours) on devra donc stocker 200 x 90 = 18 000 litres d’eau. Si on peut se le permettre, j’aurai tendance à arrondir à 20 000 litres. Encore une fois, vous pouvez modifier tous les paramètres, mais je prends un exemple réaliste et basé sur du vécu qui fonctionne. Le stockage en cuve ou citerne de cet exemple doit donc atteindre environ 20 m3. Pour vous donner une idée, c’est la taille d’une citerne de camion qui ravitaille une station service…

Résumé technique :

Pour une famille de quatre personnes, avec une consommation personnelle de 50 litres/jour, on a besoin :

D’un toit de 100 m2 environ (ou plus)

D’une réserve de 20 m3 pour tenir 3 mois sans pluie.

Note : chacun calculera ses marges de sécurité et évaluera les futurs aléas climatiques (sècheresses)

5) Les autres aspects :

Tout ceci étant dit, il n’y a pas que les paramètres techniques à évaluer pour voir si votre autonomie en eau est «possible » et je liste dans le désordre :

  • Votre capacité à entreprendre l’installation (compétences, temps disponible)
  • Votre budget (les cuves sont les éléments les plus chers et ce poste peut varier avec de la récup ou du savoir-faire)…

L’exemple choisi coûtera moins d’un million au mieux, et jusqu’à 2.3 millions si tout est acheté localement, y compris les deux cuves de 10 000 litres à 400 000 F pièce (!).

Il faudra noter que quand l’installation sera terminée, vous ferez les économies de vos factures d’eau, mais il ne faut pas être comptable pour se rendre compte que votre autonomie ne sera pas « rentable » avant longtemps. Les avantages sont donc ailleurs et j’en ai traité dans le chapitre 3. AUTONOMIE EN EAU – PHILOSOPHIE.

La résilience et le sentiment d’indépendance sont des valeurs non quantifiables…