5. ASPECTS MATERIELS DE L'AUTONOMIE EN EAU
Dans les préliminaires à une autonomie en eau, j’ai cru bon de me pencher sur les aspects matériels et financiers du choix d’une telle option et j’ai trouvé trois axes principaux :
1) Les aspects et impacts matériels et financiers pour l’individu
D’un point de vue matériel, il faudra consacrer à l’installation, un espace non négligeable en intérieur comme en extérieur. Le fonctionnement et les divers nettoyages de gouttières et de filtres demandent une à deux heures par mois. Le coût financier variera selon l’origine des matériaux , l’ampleur de l’installation et le degré de filtration de l’eau…mais, quoi qu’il en soit, prévoyez très large car on dépasse systématiquement le budget initial…Il est d’ailleurs important de noter que l’autonomie rapporte bien plus en satisfaction, en souveraineté et en résilience que financièrement car si vous devez calculer à quel moment vous aurez remboursé vos frais d’installation, vous vous rendrez vite compte que la « rentabilité » n’est pas au rendez-vous tout de suite !!! Ne pas oublier qu’il vous faudra de l’énergie pour votre surpresseur ou votre pompe de relevage. Les consommations sont TRES modestes, mais il faut de l’électricité dans la majeure partie des cas.
Personnellement, je trouve que l’autonomie n’a pas de prix, mais la dure réalité pécuniaire nous rattrape souvent et j’en parle par nécessité plus que par envie…
Toute personne désirant se rendre autonome en eau de pluie devra mettre en place une installation substantielle qui englobera : le toit de captage, les descentes d’eau, un réservoir ou citerne, probablement un surpresseur ou une pompe à bras et un système de filtration adéquat.
2) Les aspects et impacts matériels et financiers pour la commune ou le pays
Pour acheminer une eau potable d’une source de captage jusqu’à votre porte, la commune, des sociétés privées et le pays devront mettre en place « un réseau ». Capter l’eau, la stocker et la traiter, tout comme vous pouvez le faire à domicile, mais à une échelle énorme et sur des aires géographiques de grande ampleur. Si chacun était autonome en eau et sans compter avec une industrie discutable, nous pourrions nous passer des barrages, des réseaux, des châteaux d’eau et des stations de filtration et d’épuration…des dépenses énormes qui, au final, sont payées par la collectivité, c’est-à-dire NOUS. Par ailleurs, les coûts d’installation d’un équipement individuel pourraient chuter si l’autonomie se répandait…En Australie et en Nouvelle Zélande, il y a eu une prise de conscience sur la difficulté à acheminer de l’eau sur de longues distances. Les communes obligent les habitations éloignées à devenir autonomes en eau et la résultante d’une telle politique est, entr’autre, le coût très bas des citernes. En Europe, également, on peut trouver des réservoirs en béton armé et vibré, livrables par camion-grue, qui sont vraiment abordables. Il semble que sur le Caillou, faute de marché important, nous soyons pénalisés…Une cuve roto moulée de 10 000 litres vous coûtera environ 400 000F ce qui est assez dissuasif. Alors, les autres solutions sont les « cubies » de 1000 litres à relier entre eux ou la fabrication d’une citerne en béton si on a le savoir-faire…je reviendrai sur ces aspects pratiques dans un autre post.
Bref, on comprend bien que s’il n’y avait pas d’installation/réseau public, l’individu paierait moins de contributions diverses pour la mise en place de ces réseaux et cette économie serait (en théorie) à déduire du budget d’une installation personnelle.
3) Les aspects et impacts pour la planète
Même si une installation personnelle semble impliquer une belle quantité de matériaux et un peu d’énergie, on peut imaginer que les dégâts sur la nature sont bien amoindris. En effet, la distribution publique implique la construction de barrages (gros impact sur le cycle de l’eau, la faune, la flore, les éco systèmes détruits, l’assèchement des cours d’eau….). Il faut aussi tirer des conduites primaires, souvent énormes, il faut ensuite construire des stations de pompage et de filtration. Enfin, le réseau de distribution devra comprendre des châteaux d’eau, des conduites le long de toutes les routes (ou en travers de routes !!!), des compteurs et j’en passe. L’eau sera sur chlorée pour être « aux normes » et toutes ces installations représenteront des maillons faibles en cas de séisme ou de cyclone…Par conséquent, la maintenance est, elle aussi, énorme. On assite à une débauche de matières, d’énergie, de travaux en tous genres…un impact assez considérable sur le naturel…
La différence la plus flagrante entre une installation privée et une installation publique est que, dans l’installation privée, on utilise un toit existant et qui a déjà une fonction (celle d’abriter) pour capter l’eau. On fait donc l’économie d’un barrage. Le barrage étant l’un des éléments les plus destructeurs de l’installation publique, il devient simple d’évaluer les bienfaits des installations privées.